Le chat médecin
À noter que le miaulement du chat est réservé à l'homme. Les chats ne miaulent pas entre eux. Bien que son registre d'expression soit assez limité, l'homme apprend rapidement à faire la différence entre le « mmr » jovial de salut ou de remerciement, le « mraou » qui quémande une caresse ou son repas, le « mmrraouu » nettement plus insistant, ou la plainte « miieeou » plus ou moins rauque selon l'intensité de l'émotion.
Par ses mimiques du visage et ses postures, il réclame des réponses, il engage le dialogue, et il oblige déjà à comprendre le parler du chat.
Il fait intervenir ses oreilles (dressées, rabattues en arrière ou écartées), ses yeux (écartement des paupières, tension des pupilles), ses postures de jeu, de méfiance, de séduction ou d'impatience.
Il développe ainsi une communication globale avec l'homme, d'autant mieux comprise que le maître est disponible et attentif. Certains maîtres engagent ainsi une véritable discussion, en parlant à leur chat sur un rythme qui devient musical et des intonations qui vont du plus grave au plus aigu. ....
Le chat crée un lien entre les personnes
Il n'y a pas que les personnes solitaires qui parlent à leur chat. Ces conversations sont bénéfiques pour tous ceux qui s'y adonnent. Dans une salle d'attente de vétérinaire, c'est un festival d'exclamations et de compliments échangés entre clients.
Bien entendu, le chat fait jouer. Et comme dans les jeux des enfants, c'est une manière d'apprendre à vivre avec les autres. C'est au cours de jeux avec sa mère que le chaton apprend à contrôler l'intensité de la morsure, voire à l'inhiber complètement, et à rétracter ses griffes. Sinon, gare à la réaction maternelle, qui consiste à plaquer au sol le chaton indocile et à le mordiller lentement jusqu'à ce qu'il cesse tout mouvement.
Le chat recherche en permanence le contact en douceur, avec des surfaces un peu rugueuses (tronc, moquette, bas de meubles), avec ses congénères, et bien sûr avec l'homme. Ce qui tombe bien car l'homme est lui aussi à la recherche de contacts rassérénants.
Mais dans la société humaine, les contacts physiques sont très régulés car ils ont une connotation sexuelle. Ils ne s'effectuent que selon des rituels (danse, bisou familial, accolades viriles des sportifs…) très codifiés. Seuls les enfants en bas âge et nos compagnons domestiques sont tolérés de câlins « gratuits ».
Le chat nous permet ainsi des gestes d'affection, des élans de tendresse, qui nous sont interdits par ailleurs. Les caresses du chat à l'homme se font par léchage ou par frottage de tout son corps. N'oublions pas ce pétrissage régulier, toutes griffes rentrées, généralement accompagnées d'un ronronnement en douceur…
Le chat est quasiment le seul animal accepté dans le lit de l'homme. Parce qu'il est propre, sans odeur. Parce qu'il se laisse caresser. Parce que son pelage est chaud. Et bien sûr parce que son ronronnement nous apaise et nous endort. Le chat installé, le maître du lit n'ose plus bouger, de peur de le chasser.
Les vibrations perçues par nos récepteurs cutanés (corpuscules de Pacini) font secréter des endorphines d'action très courte (quelques minutes) mais puissantes.
Au total, un nuage de molécules calmantes, mêlé de pulsions émotives apaisées. L'écoute du ronronnement est une véritable thérapie, dont l'effet rivalise avec bien des antidépresseurs et des somnifères !
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis, avec Jean-Yves Gauchet (vétérinaire).